Par Antoun Sfeir, fondateur et CEO d'Epressack
Le 19 mai dernier se tenait la Journée mondiale de la sensibilisation à l'accessibilité. Parce que le numérique occupe une place prépondérante dans notre société, il lui incombe de grandes responsabilités. Parmi elles, il y a celle, donc, de l’accessibilité qui permet à tous les publics d’accéder, sans discrimination, à l’information pour jouir pleinement de leurs droits et libertés.
Autant dire qu’il s’agit d’un enjeu de citoyenneté et de justice sociale majeur quand 12 millions de personnes sont en situation de handicap en France (daltonisme, troubles DYS ou auditifs, malvoyance, troubles de santé...) dont près de 2 millions de déficients visuels, sans oublier les handicaps temporaires et les seniors qui se heurtent quotidiennement à une réalité alarmante : 90 % des sites Internet sont inaccessibles.
Depuis le 1er janvier 2020, tous les acteurs publics ainsi que les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 250 M€ sont dans l’obligation de concevoir des sites internet, intranet, extranet, applis mobiles, progiciels, mobiliers urbains… accessibles. Le tout selon un référentiel très codifié, constitué de 106 critères, nommé le RGAA ou Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité. Ca, c’est pour les textes. Mais dans la vraie vie, peu d’entreprises appliquent la loi sur le Handicap de 2005.
L’absence de sanctions contraignantes, de contrôles et de suivis n’y est pas étrangère quand le gouvernement français lui-même révise régulièrement à la baisse ses ambitions. Ce manque de volonté politique, qui a explosé avec l‘accélération de la transformation numérique imposée par la crise sanitaire, beaucoup le regrettent comme Sylvain Nivard, président de l’association Valentin Haüy et vice-président de la CFPSAA, confédération qui regroupe les principales associations de déficients visuels. Alors que les pouvoirs publics semblent n’avoir toujours pas pris la mesure de l’enjeu après plusieurs années de sensibilisation, il milite aujourd’hui pour que les entreprises adoptent, chacune à leur niveau, des outils responsables.
Dans ce paysage encore en demi-teinte, il y a clairement les entreprises en infraction mais il y a aussi toutes les autres, nombreuses, à se déclarer responsables, engagées, inclusives, à mission… et qui pourtant négligent, dès le premier clic, les publics en situation de handicap. Chez Epresspack, nous gérons les vitrines de contenus de plus de 300 grandes entreprises et le constat est sans appel : seules 4 ou 5 entreprises appliquent le RGAA comme EDF, Accor ou le ministère de l’Economie et des Finances. Les entreprises nous sollicitent très rarement spontanément sur l’accessibilité numérique de leur plateforme de contenus et il semblerait même que la loi demeure méconnue des directions de communication qui n’en mesurent pas non plus les bénéfices ne serait-ce qu’en termes d’image !
Modalité, coûts… comment passer en mode RGAA ?
Les 106 critères impactent globalement les couleurs, les contenus (images, tableaux, liens, formulaires, vidéos, audio...), la structuration et présentation de l’information, la navigation et la consultation. Evidemment mieux vaut intégrer ces contraintes avant même la conception et les maquettes de la nouvelle plateforme de contenus type newsroom ou site. Si c’est le cas, comptez 5 à 6 jours de production supplémentaire par rapport à une vitrine classique. Il faudra en effet que votre éditeur recherche une bonne typo, mette en place un niveau suffisant de contrastes, propose une architecture HTML à même d’offrir une navigation claire, nomme tous les contenus dans tous les formats… pour proposer une alternative textuelle aux photos, vidéos, son. Pour la mise en conformité de vitrines déjà existantes, la tâche est un peu plus ardue mais loin d’être compliquée ! Dans ce cas, il faudra compter 10 jours de production selon la complexité de la plateforme et le nombre de modèles de pages.
Le tout pour obtenir la note maximale délivrée par un auditeur indépendant, extérieur aux développements, qu’il vous faudra choisir. Ce dernier n’est pas obligatoire dans le processus mais il est fortement recommandé par la Direction Interministérielle du numérique (DINUM). L’audit du support numérique existant est la première étape de sa démarche pour en évaluer le niveau d’accessibilité et planifier les tâches à effectuer, quand l’audit de contrôle, lui, ponctue la mission. L’auditeur validera votre « nouveau » site ou newsroom avant sa mise en ligne et délivrera une certification sous la forme d’une déclaration légale d’accessibilité. Mais il revient à l’entreprise de définir le niveau d’accessibilité souhaité, sachant que l’objectif est toujours de viser les 100 % le plus rapidement possible.
Pour le coût, comptez environ 1 000 € HT/jour pour le conseil et le développement opéré par votre éditeur. L’auditeur, lui, vous demandera généralement entre 3 500 € HT et 8 000 € HT pour les deux audits, les rapports détaillés et pédagogiques à l’attention des développeurs et des responsables de communication ainsi la déclaration incluant le score de conformité. Au total, l’investissement peut sembler important mais il est peu coûteux au regard des bénéfices !
Audience, référencement, réputation… les bénéfices sont nombreux !
Au-delà de l’intention généreuse et inclusive, il y aura l’audience bien sûr. Mathématiquement, votre site RGAA aura vocation à attirer une audience organique plus large. Sans compter le meilleur référencement naturel de la part des moteurs de recherche, dont les robots d’indexation scannent les pages Web et les contenus en se basant sur la structure technique. Google accorde par exemple une part de plus en plus importante à l’accessibilité des contenus dans son indexation de pages Internet. Audience, référencement, impact environnemental… L’accessibilité numérique conduit également à réduire l’impact environnemental de votre écosystème digital, induit par l’optimisation du poids des pages et la compatibilité des sites Web. De fait, les vitrines internet accessibles sont plus sobres et moins consommatrices en énergie ; un argument non négligeable dans le contexte d’urgence climatique qui est la nôtre.
Enfin, il nous faut parler de réputation. L’accessibilité numérique n’est-elle pas enfin le lieu où commence la somme des engagements sociétaux ? N’est-elle pas ce petit détail qui révèle les vrais engagements et trahit les « raisons d’être » de façade ? A l’heure où le digital est consubstantiel à la vie des citoyens et intrinsèque à l’image des entreprises, commencez par le commencement : adoptez le RGAA ! Votre politique de RSE n’en sera que plus crédible ensuite.
Tribune sponsorisée par Epresspack
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