Femmes « directeurs », femmes « administrateurs », femmes « acteurs » (du changement !), femmes « promoteurs », femmes « collaborateurs » Ouvrez votre dernier rapport annuel et laissez vous surprendre par tous ces travestissements de femmes en hommes. C est tout simplement comme si, une fois passée la porte de l entreprise, les femmes devaient laisser leur identité au vestiaire pour se fondre dans la masse. Cette invisibilité du féminin dans les noms de métier ou titres contribue au sexisme ordinaire au travail et la com en porte une partie de responsabilité.
En ne nommant pas les femmes dans nos supports, nos campagnes de communication, nous perpétuons la communication de nos aînés, celle d un monde ancien, dominé par les hommes. Plutôt paradoxal pour une profession à l affût des nouvelles tendances, censée ouvrir la voie Qui mieux que les communicant.e.s savent que la manière de parler d une marque, d un projet, du travail d une équipe conditionne sa perception, sa compréhension ? Notre métier nous fait régulièrement toucher du doigt à quel point le langage structure notre vision du monde. Souhaitons-nous vraiment refléter un monde de l entreprise sans féminin ou nous laissons-nous happer par la facilité ? Poser la question, c est y répondre.
Utiliser le masculin ou le féminin en fonction de la personne qui occupe un métier représente une étape incontournable dans l entreprise pour donner une vraie place aux femmes.Or, la communication est aux premières loges pour faire advenir cette évolution. De toute évidence, changer notre manière de communiquer représente un moyen concret de faire progresser l égalité entre les femmes et les hommes. Qui s en priverait ? Certes, cela ne se fait pas facilement car les routines sont là, bien ancrées souvent reproduites de manière inconsciente. En m attelant à la tâche avec mon équipe j ai pu découvrir bon nombre de « clichés » chez les hommes comme chez les femmes. Certain.e.s affirment que le masculin « représente les femmes et les hommes ». Or, en français, le neutre n existe pas : un mot est soit masculin, soit féminin. D autres utilisent l argument « esthétique » en expliquant que les mots « cheffe », « poétesse », « développeuse » seraient laids. Ou encore que l emploi du féminin rendrait les textes illisibles. Au contraire, la réintroduction des termes féminins raccourcit les énoncés : « femme auteur », « femme ingénieur », « femme chef de projet » » sont des périphrases qui prennent plus de place qu « auteure », « ingénieure », « cheffe de projet » Une fois encore, l usage du féminin est avant tout une question d habitude. L argument « technique » existe aussi : ma nouvelle directrice générale surprise d être nommée Directeur général dans l organigramme s est fait expliquer que le logiciel ne permettait pas de traiter la question du genre dans l outil... Sa réponse ne s est pas faite attendre : « il faut changer de logiciel, nous sommes en 2018 » ! Plus délicat à traiter car plus personnel, les femmes directrices qui souhaitent être appelées « directeur ». Ces femmes pensent, consciemment ou non, gagner en prestige avec un nom masculin tout en se « fondant dans la masse » au sein d instances très masculines. Les communicant.e.s ont, là aussi, un rôle à jouer pour les aider à assumer ce qu elles sont et leur parler de leur rôle modèle pour les générations futures. La langue reflète l entreprise et sa façon de considérer les salarié.e.s mais aussi l ensemble des parties prenantes dont la moitié de femmes. C est l outil de base des communicant.e.s qui ne doivent pas hésiter à s appuyer sur la production des pouvoirs publics quant à la nécessité de féminiser les noms de métier[1] pour entraîner les équipes. Une entreprise qui réaffirme la place des femmes en les nommant est tout simplement une entreprise en phase avec son temps. Un.e communicant.e qui aide son entreprise à le faire est tout simplement un.e professionnel.l.e qui fait son job ! Carole Thomas, VP du réseau "Toutes Femmes, Toutes Communicantes" Directrice Communication et marketing digital du Groupe Immobilière 3F [1] Circulaires du Premier ministre du 11 mars 1986 et du 6 mars 1998, relatives à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions ; loi nº 2014-873 du 4 août 2014 pour l égalité réelle entre les femmes et les hommes articles 56 et 57 ; Circulaires du Premier ministre du 21 novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au journal officiel.
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Retours aux actualités
Noms de métier au féminin : la com a un rôle à jouer, bougeons !
2018-09-27 09:30:00
lescommunicants.fr
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2021-09-23 16:48:00
2018-09-27 09:30:00
Equipe Com-Ent
Femmes « directeurs », femmes « administrateurs », femmes « acteurs » (du changement !), femmes « promoteurs », femmes « collaborateurs » Ouvrez votre dernier rapport annuel et laissez vous surprendre par tous ces travestissements de femmes en hommes. C est tout simplement comme si, une fois passée la porte de l entreprise, les femmes devaient laisser leur identité au vestiaire pour se fondre dans la masse. Cette invisibilité du féminin dans les noms de métier ou titres contribue au sexisme ordinaire au travail et la com en porte une partie de responsabilité.
En ne nommant pas les femmes dans nos supports, nos campagnes de communication, nous perpétuons la communication de nos aînés, celle d un monde ancien, dominé par les hommes. Plutôt paradoxal pour une profession à l affût des nouvelles tendances, censée ouvrir la voie Qui mieux que les communicant.e.s savent que la manière de parler d une marque, d un projet, du travail d une équipe conditionne sa perception, sa compréhension ? Notre métier nous fait régulièrement toucher du doigt à quel point le langage structure notre vision du monde. Souhaitons-nous vraiment refléter un monde de l entreprise sans féminin ou nous laissons-nous happer par la facilité ? Poser la question, c est y répondre.
Utiliser le masculin ou le féminin en fonction de la personne qui occupe un métier représente une étape incontournable dans l entreprise pour donner une vraie place aux femmes.
Or, la communication est aux premières loges pour faire advenir cette évolution. De toute évidence, changer notre manière de communiquer représente un moyen concret de faire progresser l égalité entre les femmes et les hommes. Qui s en priverait ?
Certes, cela ne se fait pas facilement car les routines sont là, bien ancrées souvent reproduites de manière inconsciente. En m attelant à la tâche avec mon équipe j ai pu découvrir bon nombre de « clichés » chez les hommes comme chez les femmes.
Certain.e.s affirment que le masculin « représente les femmes et les hommes ». Or, en français, le neutre n existe pas : un mot est soit masculin, soit féminin. D autres utilisent l argument « esthétique » en expliquant que les mots « cheffe », « poétesse », « développeuse » seraient laids. Ou encore que l emploi du féminin rendrait les textes illisibles. Au contraire, la réintroduction des termes féminins raccourcit les énoncés : « femme auteur », « femme ingénieur », « femme chef de projet » » sont des périphrases qui prennent plus de place qu « auteure », « ingénieure », « cheffe de projet » Une fois encore, l usage du féminin est avant tout une question d habitude. L argument « technique » existe aussi : ma nouvelle directrice générale surprise d être nommée Directeur général dans l organigramme s est fait expliquer que le logiciel ne permettait pas de traiter la question du genre dans l outil... Sa réponse ne s est pas faite attendre : « il faut changer de logiciel, nous sommes en 2018 » ! Plus délicat à traiter car plus personnel, les femmes directrices qui souhaitent être appelées « directeur ». Ces femmes pensent, consciemment ou non, gagner en prestige avec un nom masculin tout en se « fondant dans la masse » au sein d instances très masculines. Les communicant.e.s ont, là aussi, un rôle à jouer pour les aider à assumer ce qu elles sont et leur parler de leur rôle modèle pour les générations futures.
La langue reflète l entreprise et sa façon de considérer les salarié.e.s mais aussi l ensemble des parties prenantes dont la moitié de femmes. C est l outil de base des communicant.e.s qui ne doivent pas hésiter à s appuyer sur la production des pouvoirs publics quant à la nécessité de féminiser les noms de métier[1] pour entraîner les équipes. Une entreprise qui réaffirme la place des femmes en les nommant est tout simplement une entreprise en phase avec son temps. Un.e communicant.e qui aide son entreprise à le faire est tout simplement un.e professionnel.l.e qui fait son job !
Carole Thomas, VP du réseau "Toutes Femmes, Toutes Communicantes" Directrice Communication et marketing digital du Groupe Immobilière 3F
[1] Circulaires du Premier ministre du 11 mars 1986 et du 6 mars 1998, relatives à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions ; loi nº 2014-873 du 4 août 2014 pour l égalité réelle entre les femmes et les hommes articles 56 et 57 ; Circulaires du Premier ministre du 21 novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au journal officiel.
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