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Communication politique : un nouvel oxymore ?

TRIBUNES

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25/03/2019

Nul n a le pouvoir de se tromper tout te temps. Et pourtant, les observateurs de la vie politique (journalistes, politologues ) fustigent quasi quotidiennement les erreurs de communication de nos gouvernants. Gilets jaunes en 2019 ou bonnets rouges en 2013, ils s y prendraient mal, aujourd hui comme hier. Conseiller-garde du corps-bagagiste-diplomate ou ministre inopinément démissionnaire : la communication de crise est quotidienne.

Les bonnes nouvelles sont rares. Depuis plusieurs années, la communication en politique a tendance à se « rétrécir » à la gestion des crises. Il y a plus de 20 ans déjà,  Jacques Chirac disait que « les emmerdes, ça vole en escadrille ». C est pire aujourd hui. Dans ces conditions, le rôle du communicant est d abord d oser apprendre les mauvaises nouvelles au « chef ». Son rôle consiste ensuite à se préparer au pire, en espérant qu il n arrivera pas.

Quand, cas exceptionnel, tout va bien, qui le souligne ? Par exemple, combien de ceux qui prédisaient la « catastrophe industrielle » du prélèvement de l impôt à la source ont reconnu qu ils s étaient trompés et que le Gouvernement et l administration ont gravi avec succès cet Everest fiscal ? Ne cherchez pas : aucun. A la difficulté de diriger un pays s ajoute le fait que nous avons la mémoire courte : nous oublions ce qui a été réussi pour ne retenir que les échecs, les mesures qui ne nous sont pas favorables, les crises C est bien connu, les trains qui arrivent à l heure n intéressent personne.

L exemple du prélèvement de l impôt à la source est révélateur d une des plus grandes difficultés que rencontrent les femmes et les hommes politiques (ainsi que leurs communicants) : comment faire durer une annonce positive dans les médias ?

Si elle était un sport, on pourrait dire qu avec communication politique ce sont toujours les mêmes qui perdent à la fin, c est-à-dire ceux qui nous gouvernent. Quand vous faites de la communication politique vous vous rendez vite compte que les dés sont pipés : vous perdez toujours. La tartine est beurrée des deux côtés !

Essayer de faire de la communication politique est donc un boulot ingrat. Tout le monde a une opinion sur ce qu il faudrait faire. Ou plutôt, sur ce qu il aurait fallu faire. C est toujours plus facile de « prédire » le résultat du tiercé après la course.

Dire que l on maîtrise la communication politique est aussi présomptueux que de prédire la météo au-delà d une semaine. En gros, comme le disait François Hollande : « rien ne se passe jamais comme prévu ». Si l on ne sait pas à l avance ce qu il convient de faire, pour autant on ne peut pas dire qu on ne sait rien : on sait ce qu il ne faut pas faire. C est beaucoup. Ainsi, il ne faut pas « insulter l avenir » (en faisant des promesses inconsidérées) ; il ne faut pas avoir une confiance immodérée dans le « off » ; il ne faut pas, non plus, ignorer les fondamentaux de la communication de crise ; il ne faut pas croire qu il est possible d éviter les « couacs », pas plus qu il ne faut croire que la France vit au rythme de BFM. La liste est longue. Il y a des choses peu intuitives, voire terribles, comme croire que la vérité sera toujours audible, etc.

En considérant les trois derniers quinquennats, on peut relever une quinzaine d erreurs récurrentes, croyances erronées, ou pratiques de communication hasardeuses Les avoir en tête devrait permettre de les éviter. Ce n est pourtant pas ce que l on constate. Les uns alternant avec les autres au gré des élections, chacun finit par faire les erreurs qu il fustigeait des semaines, des mois ou des années auparavant !

Renaud Czarnes, Directeur de la Communication, Dalkia

      Twitter : @RenaudCzarnes

« Anti-Manuel de communication politique (vade-mecum pour les femmes et les hommes politiques, ainsi que ceux qui les conseillent) », Éditions Kawa, février 2019.

[caption id="attachment_9807" align="aligncenter" width="611"]La communication politique vue par Renaud Czarnes Dessins : ©Antoine Chéreau[/caption]

Rendez-vous le 5 avril pour participer à l'événement "Communication politique : le meilleur du pire"

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