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Ségolène Godeluck : pour l’amour du timbre

PAROLE À

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02/06/2020

Le confinement n’aura pas eu raison du programme d’émission de timbres de La Poste, même si le service philatélique a dû s’adapter pour assurer son maintien. Ségolène Godeluck, directrice de la communication et des relations institutionnelles chez Phil@poste – La Poste, répond aux questions de Delphine Goater.

Delphine Goater pour COM-ENT : Qu’est-ce que Philaposte ?

Ségolène Godeluck : Philaposte est une entité rattachée à la branche Services Courrier Colis de La Poste. Cette entité conçoit, imprime et diffuse les produits d’affranchissement, pour la France, mais également pour d’autres pays étrangers. Enfin, nous imprimons pour le compte de l’Imprimerie nationale, notamment la première page du passeport, des fiches d’état civil, des timbres fiscaux, des vignettes auto et aussi des étiquettes de traçabilité pour le tabac.

Comment Philaposte a-t-elle maintenu son activité pendant cette période ?

Notre activité se déploie sur trois sites : l’imprimerie située depuis 50 ans à Boulazac, en Dordogne qui emploie près de 450 personnes ; notre boutique Le Carré d’encre, 300 mètres carrés dans le cœur de Paris, à côté de l’Opéra, dédiés à la philatélie et au hors philatélie, et enfin le siège à Gentilly qui est aujourd’hui encore en télétravail. Le Carré d’encre vient de rouvrir pour l’espace philatélie uniquement. Le site de Boulazac a été impacté par le Covid-19, avec des ateliers fermés et une activité restreinte… mais des salarié.es ont pu revenir sur le site pour la technique numérique, l’une des cinq techniques que nous pratiquons, permettant aux particuliers de commander des timbres et des cartes personnalisées via l’application Youpix. Pendant le confinement, les commandes ont plus que doublé car ce service a permis aux Français.es de rester en contact avec leurs proches et de partager des émotions par exemple, à l’occasion d’une naissance ou d’un événement familial. 

De quelle manière avez-vous pu conserver le lien avec les philatélistes ? 

Le temps du confinement a permis aux philatélistes de revoir leur collection, de ranger et faire le tri de leurs timbres. Le service de relation client à Boulazac est resté ouvert et le service de vente à distance a toujours fonctionné. Suite à l’envoi de notre catalogue, nous avons enregistré une belle avance avec 50 % des commandes passés en seulement huit jours alors que normalement il faut 4 à 5 semaines pour les recevoir. Certes, les philatélistes ont vécu la frustration pendant un temps de ne pas pouvoir se déplacer dans les bureaux de Poste et de ne pas y avoir accès aux beaux timbres ; de plus, certaines émissions ont été décalées, ce qui a eu un impact sur notre programme philatélique. Mais avec la réouverture de la quasi-totalité des points de contact à fin mai, les gens vont pouvoir redécouvrir le plaisir de l’envoi.

Quel a été votre rôle en tant que directrice de la communication de Philaposte ?

Je me suis retrouvée avec un triple enjeu de communication, deux à l’interne et un à l’externe. Tout d’abord, la communication managériale vis-à-vis de mon équipe qui est restée, comme moi, en télétravail. Chaque matin, je faisais un petit brief de 15 minutes sur Teams pour prendre des nouvelles de chacun.e en connexion avec l’équipe communication de Boulazac. Il m’a aussi fallu préparer l’arrivée d’une nouvelle collaboratrice le 4 mai, lui expliquer Philaposte et lui permettre d’entrer en contact avec chacun des membres de l’équipe.

Pour la communication interne vers les 500 Philapostier.es, nous avons mis en place un SMS quotidien de 160 signes pour leur transmettre les informations essentielles et faciliter leur quotidien, en adaptant les messages selon les cibles et en proposant des liens de téléchargement vers des documents. Ce dispositif a permis de préparer la reprise en leur donnant toutes les informations et les documents RH dont ils.elles avaient besoin. Chaque semaine, un diaporama réunissant des photos prises par chacun.e en condition de travail, ou de télétravail, et envoyé par lien We Transfer a permis de garder le lien avec celles et ceux qui ne pouvaient pas être sur place. Enfin, nous avons maintenu nos espaces temps communication mensuels en format digitalisé, ce qui nous a permis de nous retrouver toutes et tous connecté.es, avec un temps d’échange.

Quelles étaient les cibles de la communication externe auxquelles il a fallu s’adresser ?

La première cible avec laquelle nous entretenons un contact direct est la presse philatélique. Nous avons instauré des points tous les 15 jours avec notre écosystème philatélique, car il était impossible de maintenir le rythme habituel des communiqués de presse avec l’envoi de visuels. J’ai essayé de maintenir la transparence au maximum avec eux, avec la date des émissions ou le report de l’événementiel (annulation du salon Paris Philex qui devait se tenir au mois de juin, report de certaines animations au salon philatélique d’automne). 

Il a aussi fallu rassurer les philatélistes qui sont sensibles au « Premier jour », le lancement en avant-première d’une émission de timbres qui se déroule le vendredi précédant la vente grand public et auquel ils assistent d’habitude à la boutique Carré d’encre. Nous nous sommes retrouvés sans la possibilité d’organiser ces avant-premières et avons dû informer les philatélistes des nouvelles mesures de prolongation de la durée d’émission des timbres dans nos supports, comme le Phil’Info, et sur les réseaux sociaux.

Quelle stratégie Philaposte a-t-elle mis en place sur les réseaux sociaux ?

Quand je suis arrivée à ce poste, il y avait un compte Twitter, un Facebook Tout sur le timbre et un Facebook du Carré d’encre. J’ai repris le compte Twitter, j’en ai ouvert un à mon compte en tant que Dircom et je me suis mise sur Instagram, car le timbre est un produit 100 % visuel. J’ai préféré jouer sur l’émotion, à travers un Instagram qui reflétait ma vision personnelle du timbre et de la philatélie, la façon dont le timbre s’intègre dans mon univers et permet de toucher d’autres personnes qui aiment les belles choses et qui, parce qu’elles aiment un tableau, un objet, un dessinateur, iront vers le timbre. Ce qui me touche particulièrement dans le timbre, c’est le lien à la culture, le lien à l’art. Je trouvais déjà les carnets beaux, aujourd’hui, je collectionne les feuilles de timbre que je fais dédicacer et que je mets sous verre. 

Quelles sont les pratiques mises en place pendant le confinement que Philaposte va conserver ?

Nous allons maintenir les SMS pour garder le lien avec tous les collaborateurs et collaboratrices qui donneront leur accord, car nous avons trouvé que c’était un superbe outil de communication interne. Il permet de relayer des informations stratégiques sur la branche courrier, mais aussi sur le groupe La Poste, et de renforcer un sentiment d’appartenance. Nous allons aussi beaucoup utiliser les écrans télés qui sont présents un peu partout dans l’imprimerie pour diffuser des vidéos d’informations plus stratégiques. Enfin, je vais garder le journal interne en format digital qu’ils pourront recevoir sur leur téléphone.

Pour l’externe, je vais relancer l’information sur les émissions de timbres et préparer la rentrée : le retour des dédicaces d’artistes en mode sécurisé, le salon philatélique d’automne et la reprise de la commission des programmes philatéliques, qui se réunit deux fois par an et propose les prochains programmes philatéliques pour dans deux ans.

Qu’est-ce qu’un programme philatélique ?

Le programme philatélique, c’est 50 émissions de timbres par an, qui peuvent être des blocs de plusieurs timbres ou des carnets. S’y ajoutent des produits spéciaux ou collectors, en format autocollant, qui se rattachent à un événement, par exemple le Salon de l’Agriculture, les fruits et légumes de saison ou Napoléon. Il nous faut deux ans d’anticipation pour construire un programme à partir des 800 à 1000 demandes que nous recevons chaque année de la part d’élu.es, d’associations philatéliques, d’ayants droit ou de descendant.es pour un anniversaire, une commémoration… Des artistes comme Christian Guémy, Valérie Belin ou Fabienne Verdier nous proposent aussi des projets pour notre série artistique. 

Quel est l’intérêt du timbre en tant que moyen de communication ?

Les particuliers comme les entreprises peuvent utiliser le timbre pour faire passer et valoriser un message, à l’occasion d’un anniversaire ou d’un lancement de produit. La force de l’écrit, c’est de pouvoir conserver un message. Cet envoi va être renforcé par le timbre que l’on va y coller et qui sera une mini-œuvre d’art. Le timbre personnalisé est un formidable vecteur de communication, c’est le petit cœur d’âme en plus. Beaucoup d’entreprises de luxe connaissent l’adresse du Carré d’encre et aiment ajouter ces timbres personnalisés à leurs cartes de vœux. C’est un outil de communication peu onéreux, qui se conserve et qui a un impact intéressant. Les entreprises peuvent aussi créer leur mini-collector. La RATP, par exemple, nous a fait faire un petit collector personnalisé, sur lequel il est aussi possible de faire passer un message.

Vous souhaitez faire une demande de timbre personnalisé ? Écrivez à l’adresse suivante : idtimbre.philaposte@laposte.fr 

Propos recueillis par Delphine Goater, consultante éditoriale, Missive et administratrice de COM-ENT.


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