Voici quelques mois, ou un peu plus, que je participe au comité de pilotage de Toutes Femmes Toutes Communicantes (TFTC) au sein de COM-ENT. Je le fais parce que je suis féministe. Oui, je suis un homme féministe et ce, pour au moins quatre raisons :
1 Parce que 50 % de la population vit une injustice
Que l on soit femme ou homme, être féministe c est lutter contre une injustice de genre. Et donc contre une injustice tout court. Celle-ci frappe grosso modo la moitié de l humanité et se manifeste faut-il le rappeler ? de nombreuses façons : inégalités salariales (les femmes perçoivent en 2019 un salaire inférieur de 18,5 % à celui des hommes selon l Observatoire des inégalités), proportion encore faible des femmes dans les emplois d encadrement et de direction (13 % seulement au sein des comex des entreprises du CAC 40 et du CAC Next 20), plafond de verre, exposition élevée au harcèlement, féminicides. Autant d injustices contre lesquelles on peut agir, comme je le fais et vous invite à le faire en soutenant la ligne d écoute sur le harcèlement moral et sexuel dans la communication.
2 Parce que c'est constructif
Les entreprises plus égales sont plus performantes. Plusieurs études le démontrent, en particulier à propos de l égalité femmes-hommes. Ainsi, le professeur de management Michel Ferrary, par exemple, a été l un des premiers à mettre en évidence le lien entre la féminisation d'une entreprise et ses performances économiques. La féminisation est aussi un marqueur de la performance sociale d une organisation. Et, précisément, performances sociales et performances économiques sont souvent liées. Un phénomène que confirme le Femina Index. Ce portefeuille composé d actions d entreprises dont l encadrement est féminisé à plus de 40 % surperforme le CAC 40 autant sur le moyen terme que sur le long terme. Renforcer l égalité femmes-hommes est donc efficace. Il est également utile que les hommes participent de ce mouvement, ce qui permet d en renforcer la puissance.
3 Parce que c'est viscéral
Plus l on s investit dans cette démarche féministe ou pro-féministe, plus l on réalise à quel point les caractéristiques de genre pénalisent le féminin. Exemple tout bête : en réunion, la voix d un homme porte plus que celle d une femme. Rien que ça, cela empêche bon nombre d entre elles de faire entendre leur point de vue. Il faut dire que déjà, lorsque j étais petit, dans les cours de récréation, quand les garçons se moquaient du bavardage « aigu » des filles en les imitant, je trouvais cette réaction ignoble et méprisante. L homme en est rarement conscient mais la société est avant tout façonnée par lui et pour lui.
4 Parce que c est utile... en communication aussi
La simple observation de surface souvent entendue consistant à dire « en communication il n y a que des femmes, elles dominent ce secteur » ne tient pas la route une seconde. L étude des rémunérations dans le secteur de la communication, réalisée cette année par COM-ENT, en partenariat avec le cabinet Occurrence, montre bien la persistance des inégalités salariales hommes-femmes. Même s il y a un léger mieux par rapport à la précédente mesure, l écart de rémunération entre femmes et hommes est de 19 % toutes fonctions confondues (et ne fait donc pas mieux que la moyenne nationale !). Et, on le constate tou.te.s, plus l on monte dans la hiérarchie, que ce soit en agence ou dans les directions de la communication, plus la profession se masculinise.
Pour changer de paradigme, une démarche unifiée est nécessaire. Alors vous aussi, hommes de Com-Ent, mâles communicants, venez soutenir l action efficace et innovante de TFTC en rejoignant le comité de pilotage. Que vous soyez en entreprise, en agence ou en free lance, vous y avez une place pour contribuer à faire bouger les lignes.
Didier Le Gorrec, fondateur de Madras Editing, membre du réseau Toutes Femmes Toutes Communicantes
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